
Une révolution est en marche dans la lutte contre la corruption au Sénégal. Désormais, toute personne qui dénonce de bonne foi un détournement de fonds ou toute autre malversation financière a droit à une récompense pouvant atteindre 10% des sommes récupérées par l’État. Cette mesure, phare du nouveau projet de loi sur les lanceurs d’alerte, vise à encourager la transparence.
Une prime pour stimuler les révélations
Le texte de loi, actuellement en cours d’adoption, introduit un mécanisme de récompense sans précédent. Un « Fonds spécial » sera alimenté par les avoirs illicites récupérés et servira à deux missions principales : financer des projets sociaux et gratifier financièrement les citoyens qui osent briser l’omerta.
L’objectif est clair : « il s’agit d’inciter matériellement ceux qui ont des informations cruciales à sortir de l’ombre, sans crainte de représailles ».
La perspective de récupérer des milliards de FCFA et d’en redistribuer une partie constitue un puissant motivateur.
Un dispositif de protection renforcé
La prime spectaculaire ne doit pas occulter le cœur de la réforme : une protection juridique solide et inédite pour les lanceurs d’alerte. Le texte les définit comme toute personne signalant, de bonne foi et dans un cadre professionnel, des crimes financiers ou des menaces à l’intérêt général, que ce soit dans le public ou le privé. Pour les protéger, le législateur a prévu :
- L’immunité civile et pénale. Aucune poursuite ne peut être engagée contre un lanceur d’alerte pour les révélations faites conformément à la loi.
- La confidentialité absolue : Son identité sera protégée à toutes les étapes de la procédure.
- Une protection contre les représailles : Licenciement, rétrogradation, harcèlement ou toute autre forme d’intimidation à l’encontre du lanceur ou de ses proches sont strictement interdits et sanctionnés.
Deux canaux de signalement sont mis en place : en interne (via un référent dans l’organisation concernée) ou en externe (via l’OFNAC, l’organe anti-corruption). Si ces voies sont inefficaces ou en cas d’urgence, la divulgation publique est également autorisée.