
Alors que le gouvernement burkinabè a officiellement mis fin, le 22 août dernier, au projet de recherche « Target Malaria » sur les moustiques génétiquement modifiés, un élan en faveur d’une science nationale et souveraine prend forme. Le sociologue Da Sié de Bindouté est monté au créneau lors de l’émission « 7 Info » de BF1 pour saluer une décision « noble » mais surtout pour lancer un appel pressant aux autorités : il est temps de financer et de prendre en main la recherche scientifique burkinabè.
« C’est notre pays ; nous ne sommes contre personne, mais pourquoi aujourd’hui n’allons-nous pas être lucides pour défendre la santé de notre population ? », a interrogé le sociologue avec conviction. Pour lui, la décision de mettre un terme au projet controversé, bien que juste, ne doit pas signifier un retrait du Burkina Faso de l’arène scientifique. Au contraire, elle doit marquer le début d’un investissement massif et stratégique dans ce domaine crucial.
L’indépendance scientifique, pilier de la souveraineté
M. Bindouté a insisté sur le lien indéfectible entre l’indépendance d’une nation et sa capacité à assurer la santé de ses citoyens par ses propres moyens. « L’indépendance s’accompagne également par celle de la santé », a-t-il déclaré, soulignant que la souveraineté sanitaire ne peut être cédée.
Un budget de la souveraineté pour la science
Pour étayer son propos, Da Sié de Bindouté a rappelé un fait marquant : « Imaginez-vous le premier budget qu’on a mis à l’arrêt quand le Capitaine Ibrahim Traoré arrivait au pouvoir, c’est environ 20 milliards. On met cette somme dans la formation et la recherche. »
Son projet est structuré : une injection massive de capitaux, la définition claire de domaines de recherche prioritaires sur la santé, une autonomie accordée aux chercheurs pour orienter leurs travaux, et surtout, une protection assurée par l’État pour leur sécurité et leur intégrité. « La nation de la science, c’est aussi la souveraineté », a-t-il précisé, insistant sur le rôle stratégique des chercheurs pour le développement du pays.
La balle est désormais dans le camp des décideurs. L’interpellation de Da Sié de Bindouté pose une question fondamentale : le Burkina Faso est-il prêt à investir dans son intelligence collective pour bâtir une souveraineté scientifique et sanitaire véritable ? La réponse se trouvera peut-être dans le prochain budget de l’État.