
Au Burkina Faso, comme dans beaucoup de sociétés africaines, la dot est bien plus qu’un simple échange. Elle est un symbole. Une marque de respect de la famille du futur époux envers celle de la future épouse. C’est un geste noble, chargé d’histoire, de coutume et de reconnaissance. Elle témoigne de l’attachement de l’homme à sa future femme, et à ses origines.
Mais aujourd’hui, la dot semble parfois perdre son essence.
Dans certains milieux, ce qui devait être une cérémonie de joie et de partage se transforme en véritable épreuve financière. On parle de « tarifs », de « factures », de « prestations ». La liste de la dot devient longue comme un contrat de bail : motos, millions de francs CFA, habits de fête, téléphones, électroménagers… On n’offre plus pour honorer : on paie pour acquérir.
Mais où va-t-on ?
La femme n’est pas une marchandise. La tradition ne doit jamais être une prison. Elle doit unir, pas diviser. Elle doit célébrer, pas décourager. De nombreux jeunes hommes abandonnent leurs projets de mariage ou fuient leurs responsabilités par peur de la « note salée ». D’autres s’endettent jusqu’à la gorge, ruinant dès le départ l’équilibre de leur foyer.
Et pourtant… Nos anciens nous ont montré un autre chemin.
Autrefois, la dot n’était que symbolique : une calebasse, quelques habits traditionnels, une poignée de colas, un coq… Ce n’était pas le prix de la femme, mais un signe d’honneur, un lien entre deux familles. Ce qui comptait, c’était le respect mutuel, la parole donnée, la volonté de bâtir ensemble.
Aujourd’hui plus que jamais, il est temps de repenser la dot. De la remettre à sa juste place : celle d’un rite culturel profondément africain, mais jamais source d’exclusion. Il est temps que nos communautés ouvrent le dialogue, que les anciens rappellent aux jeunes le vrai sens de nos coutumes. Que les femmes, elles aussi, prennent la parole pour refuser qu’on mette un prix sur leur dignité.
Burkina Média, en tant que média culturel, appelle au respect de la tradition, mais aussi à son évolution. Car une culture vivante est une culture qui s’adapte, sans jamais trahir son âme.
Stéphanie Judith BARRO