
Au cœur des traditions africaines, et particulièrement burkinabè, il existe un petit fruit à l’écorce dure mais au pouvoir immense : la noix de cola. Offerte, partagée, brisée ou simplement montrée, la cola n’est jamais un geste banal. Elle parle. Elle relie. Elle symbolise. Et elle continue, aujourd’hui encore, d’occuper une place centrale dans les rites, les rencontres, les célébrations et les réconciliations.
Mais que signifie vraiment cette noix pour nos peuples ?
La cola, dans les coutumes, est bien plus qu’un fruit. Elle est le mot silencieux du respect, le sceau des grandes décisions, le pont entre les vivants et les ancêtres. Lorsqu’un visiteur franchit la porte d’une concession et tend la cola, il ne dit pas seulement je suis là — il dit : je viens avec respect, je reconnais votre autorité, je vous honore.
Dans les mariages traditionnels, la cola est indispensable. Sans elle, aucun dialogue sérieux ne s’ouvre entre les familles. C’est elle qui ouvre la bouche des anciens, qui scelle l’engagement entre deux lignées, qui donne son poids à la parole donnée.
Lors des funérailles, elle devient offrande. Lors des palabres, elle devient médiatrice. Lors des bénédictions, elle devient messagère.
Et pourtant, combien aujourd’hui en connaissent encore le vrai sens ?
Dans une société qui court après la modernité, la cola semble parfois reléguée à un simple geste folklorique. On la donne sans comprendre. On la reçoit sans ressentir. On l’offre sans en mesurer le poids.
Et c’est là que réside le danger.
Si l’on oublie ce que signifie la cola, on perd bien plus qu’un fruit : on perd un langage millénaire, une sagesse ancestrale, une manière unique de dire les choses sans les dire. La cola est un code culturel qu’il faut préserver, transmettre, valoriser.
Elle rappelle que dans l’Afrique profonde, ce ne sont pas toujours les grands discours qui comptent. Parfois, une seule noix posée sur une natte en dit plus que mille mots.
Il est temps que les familles, les anciens, les jeunes, les enseignants et tous les porteurs de culture redonnent à la cola sa place sacrée. Car en elle, ce n’est pas seulement la tradition qui vit : c’est toute une identité qui s’exprime et se transmet.
Stéphanie Judith BARRO